Chaque année, près de 10 milliards d’euros partent de France. Une aide indispensable à beaucoup de familles du continent.
« Tout est galère en ce moment. Je ne peux pas envoyer d’argent au pays. Toutes les agences de transfert sont fermées », souffle Caroline Bedi. A 53 ans, cette femme de ménage ivoirienne se retrouve désemparée depuis le 14 mars, date de l’annonce en France de la fermeture des lieux publics « non indispensables à la vie du pays ». La progression de l’épidémie de coronavirus a engendré l’arrêt de nombreuses agences de transfert d’argent ainsi que des commerces indépendants qui proposaient ces services. Résultat, l’inquiétude grandit chez les 3,6 millions de personnes issues de la diaspora africaine, dont une partie assure un soutien financier régulier à ses proches vivant sur le continent africain.
Arrivée en France en 2015, Caroline Bedi est la mère de cinq enfants, tous restés à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Chaque mois, elle leur fait parvenir 200 euros, soit un sixième de son salaire pour leurs dépenses quotidiennes. « Mes enfants sont seuls confinés là-bas. Ils n’ont pas encore payé leur loyer et n’ont bientôt plus de riz. Mon aîné m’a dit que la plus petite avait mal au ventre et qu’il fallait l’envoyer à l’hôpital. Et je n’ai personne pour les aider », s’inquiète la quinquagénaire. Jusqu’ici, Caroline avait pour habitude de se déplacer dans les agences Moneygram, Ria ou au bureau de poste de son quartier, dans le 13e arrondissement de Paris. Mais tous ces établissements ont clos leurs portes.